Via Francigena - Credit: Alessio Grazi
Cette enquête n'a fait que confirmer mes impressions personnelles. Elles ont été forgées lors d'innombrables rencontres avec des marcheurs le long du chemin, avant et après cette recherche, et sont valables aussi bien pour le Camino de Santiago que pour plusieurs autres chemins de pèlerinage, dont la Via Francigena, qui gagnent en importance dans toute l'Europe dans le sillage du succès de l'itinéraire espagnol.
Aujourd'hui, les gens commencent à marcher pour de nombreuses raisons, et aucune d'entre elles n'a nécessairement une prévalence marquée sur les autres. Parfois, les gens se mettent à marcher par curiosité, par agitation, pour trouver des réponses à des questions, parfois même pour trouver des questions auxquelles il faut répondre. La spiritualité et la recherche intérieure sont très importantes pour les laïcs également, et la marche lors d'un pèlerinage religieux est un cadre idéal pour répondre à ce besoin particulier. Enfin, dans cette longue période de crise que nous traversons, la marche est un excellent moyen de répondre à l'effritement des pierres angulaires de la pensée occidentale, à l'incertitude de l'avenir et à l'absence de points de référence précis.
La marche ramène les gens à la simplicité, c'est une obligation de frugalité, chaque pas est une invitation à reconsidérer son échelle de valeurs. Votre sac à dos devient un symbole du fardeau que nous devons porter sur nos épaules dans la vie quotidienne, de la façon dont les biens matériels dont nous ne voulons pas nous séparer deviennent une lourde charge. Vider son sac à dos, faire don d'un vêtement ou d'une paire de chaussures qui nous pèsent, ou les déposer dans une auberge pour les nécessiteux devient un acte obligatoire, qui soulage immédiatement nos épaules et allège notre démarche.
