Pendant dix siècles, entre le Xe et le Ier siècle avant J.-C., les Étrusques ont occupé une vaste région correspondant à la Toscane, à l'Ombrie occidentale et au centre-nord du Latium, et s'étendant également au nord et au sud de l'Italie. Des traces de la civilisation étrusque ont en effet été retrouvées dans plusieurs zones de l’Émilie-Romagne, de Lombardie, de Vénétie et de Campanie. Cet article présente 10 choses que vous ne savez peut-être pas sur les Étrusques : un peuple dont tout le monde a entendu parler au moins une fois dans sa vie mais encore très peu connu.
D'où venaient les Étrusques ? Après des années de spéculation - pendant lesquelles on supposait que les Étrusques venaient du Nord, de l'Est, peut-être de la mer Égée - nous avons maintenant des réponses fiables. Les fouilles archéologiques ont en effet montré que les Étrusques proviennent de la civilisation villanovienne : il s’agit d’une population déjà présente en Italie à l'âge du fer, qui a changé ses habitudes à l’arrivée des Grecs, qui ont débarqués dans la péninsule italienne en 750 av. J.-C. La civilisation étrusque est vraisemblablement issue de la rencontre entre ces deux cultures.
Les Étrusques possédaient les plus grands gisements de fer de la Méditerranée occidentale, comme sur l'Île d'Elbe, et avaient les compétences nécessaires pour exploiter cette précieuse ressource. Les archéologues ont découvert de grands fours en argile alimentés en charbon et de grands soufflets utilisés pour raviver la flamme. Cependant, le squelette d'un mineur étrusque trouvé à Populonia révèle que les conditions de travail de l'époque étaient extrêmement exténuantes : il semblait souffrir d'arthrose, ses os étaient déformés par l'effort physique et présentaient des signes d’un cancer provoqué par la fumée et la poussière.
Les sites et les tombes fouillés ont révélé de nombreux objets de la vie quotidienne des Étrusques. Il s'agit notamment d'objets que nous utilisons encore aujourd'hui. Les archéologues ont en effet retrouvé une sorte de réchaud à braises sur lequel on plaçait des pots en terre, ancêtre des cuisinières actuelles ; un parapluie utilisé lors des cérémonies pour se protéger du soleil, dont toute la structure a été conservée ; des dizaines de pièces de monnaie, parmi les premières à être frappées et utilisées en Italie ; ou encore des prothèses en or retrouvées dans des dents étrusques pour soutenir des fausses dents. Le Musée national étrusque de Chiusi propose une immersion authentique dans les us et coutumes de l'époque. Une promenade dans ses salles, remplies de sculptures, de vases, d'assiettes, de miroirs, de bijoux, d'urnes funéraires et d'ustensiles divers, est un bon moyen de comprendre quel était le sens de la vie (et de la mort) pour cette riche civilisation.
Dans la civilisation étrusque, l'habillement masculin était divisé en deux vêtements de base : la tunique et le manteau, agrémentés de motifs en damier et en losange, de décorations en or et de couleurs vives. C'est dans l’habillement étrusque que les Romains ont puisé leur inspiration : la toge semble être un descendant direct de la tebenna, l'un des manteaux étrusques les plus populaires.
Contrairement aux mondes grec et romain, les femmes étrusques passaient la plupart de leur temps à l'extérieur du foyer. Les inscriptions trouvées nous ont fourni certains de leurs noms : Velelia, Anthaia, Thania, Larthia, Tita, Nuzinai, Ramutha, Velthura, Thesathei. Libres et émancipées, les femmes étrusques participaient à la vie publique, savaient lire, pouvaient être impliquées dans le commerce et posséder des objets. Sur un « bucchero » (petit récipient pour la nourriture) conservé au Musée Étrusque Grégorien des Musées du Vatican, on peut lire par exemple : « Mi ramuthas kansinaia », ce qui signifie « Je suis de Ramutha Kansinai ». La propriétaire du vase, une femme, est ici identifiée par son nom. Imaginez ces femmes marchant avec élégance dans les rues de l'ancienne Roselle, aujourd'hui une importante zone archéologique de la commune de Grosseto. Nous les imaginons s’échanger quelques mots entre elles alors qu'elles se promènent de la fontaine, le long de la route d'accès à la ville, jusqu'au forum, le centre névralgique de la communauté.
Les vases et les ampoules retrouvés dans différentes tombes - comme la Tombe du Lion et la Tombe de la Pèlerine, la Tombe du Singe et la Tombe de la Colline, situées le long de la route menant au lac de Chiusi - nous permettent de comprendre comment les grandes dames étrusques se maquillaient. En effet, nous savons que leur trousse de beauté était bien garnie d'onguents, de pommades, de parfums, de rouges à lèvres et de fards à paupières. Les riches femmes étrusques préparaient des masques de beauté très hydratants à base de farine d'orge, de lentilles et de bulbes de narcisses. Pour rendre la peau brillante, elles utilisaient également de l'huile d'olive étalée sur le corps et recueillie ensuite avec un strigile. À l'époque, les rouges à lèvres étaient fabriqués à partir d'algues ou de mûrier et, pour les yeux, il existait des fards à paupières en fleurs de crocus. Les cheveux, rassemblés en longues tresses attachées par un anneau, pouvaient être rendus plus blonds grâce à l'utilisation de teintures, déjà documentée à l'époque. À partir du VIe siècle avant J.-C., les femmes étrusques pouvaient vérifier le résultat de leur maquillage sur des miroirs en bronze poli.
Grâce aux ossements retrouvés dans les nombreuses tombes de l'ancienne Étrurie, nous savons que les Étrusques étaient un peuple de petite taille : les femmes mesuraient environ un mètre cinquante-cinq et les hommes un mètre soixante.
Dans le monde des Étrusques, le banquet permettait de resserrer les liens entre les clans princiers et de montrer sa richesse aux autres. Après un repas copieux composé de viande, de soupes de céréales, de fruits de saison et de fruits à coque, le vin était préparé et servi pendant la deuxième phase du banquet. Toutefois, la recette du vin étrusque pourrait surprendre nos palais. C'était en fait un vin épais comme du miel, mélangé à de l'eau et enrichi d'épices, de fleurs, d'extraits de plantes et même... de fromage râpé ! Dans une salle de la cave à vin de Rocca di Frassinello à Gavorrano (Grosseto), certains des objets nécessaires à la préparation et à la conservation du vin étrusque ont été conservés. Parmi ces objets, il y a un magnifique stamnos fabriqué et peint à Athènes vers 480 av. J.-C. Il provient de la nécropole étrusque de San Germano, qui fait partie de la zone archéologique de Rocca di Frassinello.
Alors que l'art étrusque est exposé dans les musées du monde entier, les auteurs de ces chefs-d'œuvre restent imprégnés de mystère. Pensez-y, il n'y a qu'un seul artiste étrusque dont le nom nous est parvenu : Vulca, sculpteur du VIe siècle av. J.-C. Selon Pline l'Ancien, Vulca travailla pour le roi de Rome Tarquinius Priscus, qui lui commanda une statue de Jupiter, et pour le sanctuaire de Portonaccio, près de Veio, où il réalisa le merveilleux Apollon qui se trouve aujourd'hui au Musée National Étrusque de Villa Giulia à Rome.
Contrairement aux Grecs et aux Romains, les Étrusques ne nous ont laissé ni poèmes, ni annales, ni récits historiques, ni histoires. En ce qui concerne leur langue, dont il reste beaucoup à découvrir, nous n'avons que des fragments. De plus, la plupart des 10 000 documents en langue étrusque qui nous sont parvenus sont des inscriptions au contenu répétitif dans lesquelles on trouve simplement des noms de personnes, de propriétaires d'objets ou de personnes décédées. Alors que savons-nous de la langue des Étrusques ? Grâce à de précieux documents tels que les tablettes d'or fixées au temple de Pyrgi, la phrase gravée sur le Cippo de Pérouse, les célébrations décrites sur la Tegola di Capua et la Tablette de Cortona, nous savons que les Étrusques écrivaient de droite à gauche en utilisant les caractères de l'alphabet grec. Pendant des siècles, la langue étrusque a été l'équivalent de l'anglais dans de nombreuses régions d'Italie, car elle se superposait aux nombreuses langues locales.
Pourquoi, à un moment donné, les Étrusques ont-ils disparu pour toujours ? La civilisation étrusque s'est éteinte pour des raisons militaires, économiques et sociales qui ont eu des répercussions sur une longue période. Après la défaite de Tarquinius le Superbe, le dernier roi d'origine étrusque, en 509 av. J.-C., Rome devient une république indépendante et occupe les terres de l'Étrurie. En 396 avant J.-C., Veio a été détruite par les Romains, et vers 100 avant J.-C., la langue et l'écriture étrusques avaient complètement disparu. Les Étrusques n'ont donc pas disparu d’un coup, puisque personne ne les a exterminés. Leur civilisation a progressivement changé de langue et de culture et a fusionné avec la civilisation romaine. C'est pourquoi, aujourd'hui, beaucoup d'entre nous ont du sang étrusque dans les veines.